Cet article fait suite à [Groupes (0) : Définitions et exemples].
Nous donnons ici la définition de sous-groupe et quelques exemples.
Un groupe sera noté $(G,\cdot)$, $\cdot$ étant sa loi de composition interne.
Définition de sous-groupe
Définition.
Soit $(G,\cdot)$ un groupe. Un sous-groupe $H$ est un sous-ensemble $H\subset G$ qui est aussi un groupe pour la loi définie par $(G,\cdot)$. Autrement dit $(H,\cdot|_{H})$ est un groupe.
Remarques.
- 1) La loi interne $\cdot$ de $G$ est donc une loi interne pour les éléments de $H$. Autrement dit, si $a,b\in H$, alors $a\cdot b\in H$.
- 2) Si $H\subset G$ est un sous-groupe, alors l'élément neutre de $G$ est aussi neutre pour les éléments de $H$. C'est donc aussi l'unique élément neutre de $H$.
- 3) Si $a\in H$, alors son inverse $a^{-1}$ est aussi un élément de $H$.
- 4) Si $(G,+)$ est un groupe commutatif, $(H,+)$ est aussi commutatif.
Les remarques 1) à 3) sont en fait des conditions suffisantes pour qu'une sous-ensemble $H$ soit un sous-groupe de $G$.
Propriété.
Soit $(G,\cdot) $ un groupe. Pour que $H\subset G$ soit un groupe, il suffit que :
(1) L'élément neutre de $G$ soit un élément de $H$.
(2) La loi $\cdot $ de $G$ restreinte à $H$ soit interne à $H$ : pour tous $a,b\in H$, $a\cdot b\in H$.
(3) L'inverse $a^{-1}$ d'un élément $a$ de $H$ appartienne à $H$.
Démonstration.
Il faut que $(H,\cdot|_{H})$ vérifie les axiomes de groupe.
(a) D'après (2) la restriction de $\cdot$ à $H$, $\cdot|_{H}$ est une loi interne pour $H$.
(b) $H$ possède un élément neutre.
(c) D'après (3) chaque élément de $H$ possède un inverse dans $H$.
(d) Comme $\cdot$ est associative, $\cdot$ est associative pour les éléments de $H$.
Quelques exemples de sous-groupes
$2\mathbb Z$
On note
$$2\mathbb Z=\left\{2n\ | \ n\in\mathbb Z \right\} $$
$2\mathbb Z $ est l'ensemble des entiers pairs.
Montrons que $(2\mathbb Z,+) $ est un sous-groupe de $(\mathbb Z,+)$.
On a par définition $2\mathbb Z\subset \mathbb Z $.
(1) $0=2\times 0\in 2 \mathbb Z$.
(2) Si $a=2n $ et $b=2m$, avec $n,m\in \mathbb Z $, alors $a+b=2n+2m=2(n+m)\in\mathbb Z$.
(3) Si $a=2n$, alors $-a==-(2n)=(-2)n\in 2 \mathbb Z$.
On en déduit que $(2\mathbb Z,+)$ est un sous-groupe de $\mathbb Z$.
$a\mathbb Z$
Plus généralement, on montre exactement de la même façon que si $a\in \mathbb Z$, alors
$$a\mathbb Z=\left\{an\ | \ n\in\mathbb Z \right\} $$
est un sous-groupe de $(\mathbb Z,+)$.
Il suffit pour cela, de reprendre les arguments de l'exemple précédent en remplaçant $2$ par l'entier $a$.
De même, on montre que si $b$ est un multiple de $a$, $b\mathbb Z$ est un sous-groupe de $\mathbb Z$.
Sous-groupes de $\mathbb Z$
Nous venons de voir que pour tout entier relatif $a$, $a\mathbb Z$ est un sous-groupe de $\mathbb Z$. Comme $-a\mathbb Z=a\mathbb Z$, il suffit que $a$ soit positif ou nul.
Réciproquement, soit $H\subset \mathbb Z$ un sous-groupe.
Supposons que $H$ ne soit pas réduit au sous-groupe trivial $0$, c'est-à-dire le sous-groupe ayant pour seul élément $0$. Autrement dit $H \neq 0 \mathbb Z$.
Soit $b$ un élément de $H$. Si $b<0$, alors $-1(b)=-b>0$ donc on peut toujours trouver un élément strictement positif de $H$. Soit $a$ le plus petit élément strictement positif de $H$.
Nous allons montrer que $a\mathbb Z=H$.
Tout d'abord, si $x\in a\mathbb Z$, alors $x=na$ pour un certain entier relatif $n$.
Supposons que $n\geq 0$. Si $n=0$ (ou $n=1$), on sait que $a\in H$. Par récurrence, on a rapidement que $na\in H$. En effet, si $ka\in H$, puisque $a\in H$, $(k+1)a\in H$.
Dans le cas où $n\leq 0$, on a $na=-(-n)a$. Comme $(-n)a\in H$, son opposé $na$ est aussi dans $H$.
On en déduit que $a\mathbb Z\subset H$.
Soit maintenant $x\in H$. Si $x=0$, $x\in a\mathbb Z$.
Supposons que $x>0$. La division euclidienne de $x$ par $a$ donne $x=aq+r$, avec $0\leq r<a$. Mais $x\in H$ et $-aq\in a\mathbb Z\subset H$ d'où $r=a-aq\in H$. Par définition de $a$, on ne peut pas avoir $0<r<a$ donc $r=0$, c'est-à-dire $x=aq\in a\mathbb Z$.
Si $x<0$, comme $-x>0$, $-x\in a\mathbb Z$ d'où $x=-(-x) \in\mathbb aZ$.
Dans tous les cas, $H\subset a\mathbb Z$.
On en déduit que $H=a\mathbb Z$.
Ainsi les sous-groupes de $(\mathbb Z,+)$ sont les $a\mathbb Z$ pour $a\in \mathbb Z$.
$\mathbb Z$ et $\mathbb Q$
Puisque la somme de deux entiers et l'opposé d'un entier est un entier $\mathbb Z$ est un sous-groupe de $(\mathbb Q,+)$.
En revanche puisque l'inverse d'un entier non nul pour la multiplication n'est pas toujours un entier (jamais en fait, sauf pour $1$ et $-1$). Donc $\mathbb Z^\star $ (l'ensemble des entiers non nuls) ne constitue pas un sous-groupe de $(\mathbb Q^\star,\times)$.
$\mathbb Q^{\times}$ et $\mathbb R^{\times} $
Puisque le produit de deux rationnels et le produit d'un rationnel est un rationnel $\mathbb Z^{\star}$ est un sous-groupe de $(\mathbb Q^{\star},\times)$.
On notera ces groupes multiplicatifs $\mathbb Q^\times$ et $\mathbb R^\times$.
Fonctions qui s'annulent en un point
On considère l'ensemble $\mathcal F$ des fonctions $f:[0,1]\longmapsto \mathbb R$ définies sur l'intervalle $[0,1]$ à valeurs dans $\mathbb R$.
Sur $\mathcal F$, on définit la somme $f+g$ comme la fonction $f+g:x\longmapsto f(x)+g(x)$. Cette somme est associative et la fonction constante $0_{\mathcal F}:x\longmapsto 0$ est un élément neutre pour $+$ dans $\mathcal F$. On vérifie rapidement que l'opposé d'une fonction $f$ est la fonction $(-f):x\longmapsto -(f(x))$.
$(\mathcal F,+)$ représente donc groupe. C'est même un groupe commutatif.
Notons $\mathcal F_1$ l'ensemble des fonctions $f:[0,1]\longmapsto \mathbb R$ telles que $f(1)=0$.
Alors on vérifie facilement que $\mathcal F_1$ est un sous-groupe de $\mathcal F$.
Exemples de sous-ensemble finis du cercle unité $\mathbb U$
D'après [Groupes (0) : Définitions et exemples],
l'ensemble $\mathbb U$ l'ensemble des nombres complexes de module 1 muni de la multiplication complexe $\times$ est un groupe. C'est d'ailleurs un sous-groupe de $\mathbb C^{\times}$.
Soit $n$ un nombre entier naturel. On note
$$\mathbb U_n=\left\{\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi k}{n}}\ | \ k=0,\ldots,n-1 \right\} $$
Alors $\mathbb U_n$ est un sous-groupe de $\mathbb U$. Pour le vérifier, le produit
$\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi k_1}{n}}\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi k_2}{n}}=
\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi {(k_1+k_2)}}{n}}$. En notant $r$ le reste de la division euclidienne de $k_1+k_2$ par $n$, on a $k_1+k_2=nq+r$, avec $0\leq r < n $. Ainsi
$$\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi {(k_1+k_2)}}{n}}=\mathrm{e}^{\frac{2(nq+r)\pi}{n }}=\mathrm{e}^{2q\textrm{i} \pi+\frac{2\textrm{i} r\pi}{n}}=\mathrm{e}^{2qn\textrm{i} \pi} \mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i} r\pi}{n}}= \mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i} r\pi}{n}}$$
Comme $0\leq r \leq n-1$, on a donc montré que le produit de deux éléments de $\mathbb U_n$ est un élément de $\mathbb U_n$.
L'élément neutre $1=\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi 0}{n}}$ est dans $\mathbb U_n$.
En ce qui concerne l'inverse de $w=\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi k}{n}}$, on a
$$\frac{1}{\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi k}{n}}}=\mathrm{e}^{-\frac{2\textrm{i}\pi k}{n}}= \mathrm{e}^{2\textrm{i}\pi}\mathrm{e}^{-\frac{2\textrm{i}\pi k}{n}}=\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi(n-k)}{n}}$$
$0\leq k\leq n-1 $ donc $ n\geq n-k \geq 1$.
- Si $n-k<n$, alors l'inverse de $w$ est bien dans $\mathbb U_n$.
- Si $n-k=n$, c'est-à-dire si $k=0$, $w=\mathrm{e}^{\frac{2\textrm{i}\pi\times 0}{n}}=1$.
Ainsi $\mathbb U_n$ est bien un sous-groupe de $\mathbb U$.
Il se trouve que tout sous-groupe de cardinal fini de $\mathbb U$ est de la forme $\mathbb U_n$. Nous pourrons le voir dans un autre article.
Ensuite
Dans d'autres articles, j'aimerai étudier les fonctions entre les groupes qui sont compatibles avec la structure de groupe, c'est-à-dire les homomorphismes de groupes.
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