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jeudi 6 juillet 2023

Groupes (0) : Définitions et exemples

Dans ce billet, nous introduisons les groupes à l'aide de quelques exemples simples.

Définitions

Définition 1. 

Soit E un ensemble. Soit \ast une application de E\times E vers E, c'est-à-dire telle que (x,y)\mapsto x\ast y avec x\ast y\in E .

Alors on dit que \ast est une loi interne sur E.

Exemple 1. L'addition + est une  loi interne sur \mathbb N car la somme x+y de deux entiers positifs ou nuls x et y est un entier positif ou nul.

Exemple 2. Si \overrightarrow u et  \overrightarrow v sont des vecteurs de l'espace, c'est-à-dire des élément de \mathbb R^3 , alors leur produit vectoriel \overrightarrow u \wedge \overrightarrow v est un élément de \mathbb R^3 défini par

\begin{pmatrix} u_1\\ u_2 \\ u_3  \end{pmatrix} \wedge \begin{pmatrix} v_1\\ v_2 \\ v_3 \end{pmatrix} = \begin{pmatrix} u_2v_3 -u_3v_2\\ u_3v_1-u_1v_3 \\ u_1v_2-u_2v_1 \end{pmatrix}

Le produit vectoriel \wedge définit une loi interne sur \mathbb R^3 .

Définition 2.

Soit G un ensemble sur lequel il existe une loi interne \ast sur G


(G,\ast) est appelé groupe si les 3 conditions suivantes sont vérifiées :


  1.  [existence de l'élément neutre] Il exite un élément e dans G tel que pour tout élément g de G : e\ast g = g \ast e = g. e est appelé un élément neutre de G.
  2. [existence de l'inverse] Tout élément de g posssède un inverse pour la loi \ast : pour tout g\in G, il existe un élément h tel que gh=hg=e
  3. [associativité] \ast est une loi associative, c'est-à-dire : pour tous g,h,k dans G, on a l'égalité g(hk)=(gh)k . On notera sans confusion possible ghk ce produit.

    Si de plus,
  4. [commutativité] Pour tous g,h dans G, on a gh=hg,

  alors on dit que G est un groupe commutatif.


Remarque. Il ne peut y avoir qu'un seul élément neutre e dans un groupe. 

En effet, pour tout élément neutre e', on a e'=ee' car e est neutre et ee'=e car e' est neutre, donc e=e'

Exemples simples

Le groupe \mathbb Z

(\mathbb N,+) n'est pas un groupe car à part 0 qui est l'élément neutre, aucun élément n'a d'inverse pour l'opération +. Attention, ici l'inverse pour + signifie l'opposé.  
L'axiome (1) et (3) sont vérifiés, mais pas l'axiome (2) donc \mathbb N n'est pas un groupe.

(\mathbb Z, +) est un groupe car maintenant tous les axiomes sont vérifiés. L'axiome (4) en fait un groupe commutatif.

On peut aussi regarder \mathbb Z muni de la loi \times . 1 est l'élément neutre pour la multiplication. Mais par exemple le nombre 2 n'a pas d'inverse dans \mathbb Z pour la multiplication : il n'existe pas d'entier relatif a tel que 2a=1

Donc (\mathbb Z,\times) n'est pas un groupe. 


\mathbb Q

\mathbb Q muni de la loi + est un groupe commutatif.

Muni de la loi \times, \mathbb Q n'est pas un groupe car 0 n'a pas d'inverse.

Si l'on retire de \mathbb Q le seul élément  0 non inversible pour \times , on obtient l'ensemble que l'on note souvent \mathbb Q^\ast=\{x\in \mathbb Q | x\neq 0 \}=\mathbb Q\setminus \{0\} . Alors (\mathbb Q^\ast,\times) est un groupe commutatif.


Rotations de centre O

Etant donné un plan orienté et un point O, notons \mathcal R_O l'ensemble des rotations de centre O.

Un élément de \mathcal R_O est caractérisé par un réel \theta (l'angle de la rotation), on peut le noter r_\theta . Ainsi \mathcal R_O=\left\{r_\theta | \theta\in\mathbb R \right\} .




La composée de deux rotations r_\theta et r_\phi est la rotation : r_\theta\circ r_\phi=r_{\theta+\phi} est un élément de \mathcal R_O aussi égal à r_\phi\circ r_\theta . \circ est donc une loi interne commutative.

La rotation d'angle 0, r_0 est un élément neutre pour (\mathcal R_O,\circ) , et tout r_\theta , possède un inverse r_{-\theta} .

Enfin l'associativité de (\mathcal R_O,\circ) découle de celle de (\mathbb R,+)
(r_\psi \circ r_\phi) \circ r_\theta=r_{\psi+\phi}\circ r_\theta =r_{(\psi+\phi)+\theta}=r_{\psi+(\phi+\theta)}=r_{\psi}\circ(r_{\phi+\theta})=r_{\psi}\circ(r_{\phi}\circ r_\theta)

On en déduit que (\mathcal R_O,\circ) est un groupe commutatif.


\mathbb U

Notons \mathbb U l'ensemble des nombres complexes de module 1.

Alors (\mathbb U,\times) est un groupe commutatif. 

Nous utiliseraons la propriété suivante.

Propriété A.

Si z et w sont des nombres complexes, alors \left| zw \right|=|w| \times |z| .


Ainsi si deux nombres ont pour module 1, alors leur produit est aussi de module 1.


 \times  définit donc une loi interne sur  \mathbb U.

Les axiomes (1), (3) et (4) qui sont vrais sur \mathbb C restent vrais sur \mathbb U


Montrons que l'axiome (2) est vérifié également. Pour commencer, tous les éléments z de \mathbb U  possèdent un inverse \frac 1 z dans \mathbb C car le module de 0 est 0 (et seul 0 n'est pas inversible pour la multiplication dans \mathbb C ). De plus l'inverse d'un élément de module 1 est aussi de module 1. Cela provient aussi de la propriété A avec w=\frac 1 z, on a en effet :
\left| z \times \frac 1 z\right| =|z|\times  \left| \frac 1 z \right|
d'où 1=1\times \left| \frac 1 z \right|  , qui donne 1= \left| \frac 1 z \right|

L'inverse \frac  1 z de z est donc dans  \mathbb S^1    si z ets dans \mathbb S^1  .

z est inversible pour la multiplication dans \mathbb C si z\neq 0

On peut en déduire que \left( \mathcal U,\times\right) est un groupe. C'est en fait un sous-groupe de (\mathbb C,\times) (nous verrons cette notion plus tard).

 


Le groupe GL_n

On notera GL_n l'ensemble des matrices n\times n de déterminant non-nul. C'est le groupe linéaire. On pourra supposer dans cet article que les coeeficients des matrices sont rééls. (Nous parlerons donc du groupe linéaire réel).

Alors si \cdot dénote le produit matriciel, (GL_n ,\cdot) forme un groupe appelé groupe linéaire. Ce groupe n'est pas commutatif.

La démonstration de ce résultat se fait de manière analogue à la démonstration de l'exemple précédent sur \mathbb S^1 . On peut reprendre exactement la même démonstration en remplaçant le module par le déterminant. 

En effet, on a la propriété suivante :

Propriété B. 
(B1) Une matrice carrée A est inversible si son déterminant est non-nul
(B2) Si A et B sont deux matrices de tailles n\times n , alors 

\det(A\cdot B)=\det(A)\times \det(B)

Une conséquence directe de (B2) est que \det\left(A\cdot A^{-1}\right)=\det(A)\times \det\left(A^{-1}\right) .

Comme A\cdot A^{-1}=I_n (la matrice identité n\times n), et comme \det(I_n)=1 , on a \det\left(A^{-1}\right)\neq 0 et en particulier

(1)\ \ \ \frac{1}{\det A}=\det\left(A^{-1}\right) 

L'ensemble O(n)=\left\{A\in GL_n  | \det(A)=1 \textrm{ou}\ -1\right\} est appelé groupe orthogonale. C'est un sous-groupe de GL_n pour la loi \cdot autrement dit un groupe inclus dans GL_n (qui est lui-même un groupe pour \cdot). 

En effet, il suffit pour cela de vérifier que tout élément de O(n) a son inverse dans O(n). D'après l'égalité (1), c'est clair car 1 et -1 sont leur propres inverses.



Le groupe des bijections 

L'ensemble des bijections d'un ensemble dans lui-même est un groupe. Pour l'ensemble à n élément \left\{1,2,\ldots,n\right\}, ce groupe est l'ensemble des permutations de n éléments

Ensuite


Pour continuer la série d'articles sur les groupes, on pourra lire [(G1) : Sous-groupes (Définitions et exemples)].

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