Commençons par montrer quelques propriétés sur les ensembles finis. Ces propriétés sont intuitives, et découlent facilement de la propriété 0 ci-dessous. Néanmoins, la démonstration de celle-ci n'a rien de trivial. Pour le plaisir, je vous recommande de la démontrer vous-même avant de lire la démonstration.
Dans cet article, on notera
E_n=\left\{ 1,2, \ldots , n\right\}
Propriété 0. Soient n,m deux entiers naturels non-nuls.
S'il existe une injection E_n \longrightarrow E_m, alors n\leq m.
Démonstration.
Par récurrence sur n.
On considère pour tout entier naturel n la propriété
\mathcal P_n : \ \ \ \ \exists \phi: P_n\longrightarrow P_m\ \textrm{injective} \Rightarrow n\leq m
(1) Initialisation. Si n=1, alors \phi(1)\in E_m, donc 1\leq \phi(1)\leq m et 1\leq m.
(2) Hérédité. Supposons que \mathcal P_k soit vraie pour un certain k.
Montrons \mathcal P_{k+1} : supposons que \psi est une injection de E_{k+1} dans E_p et montrons que k+1\leq p.
\phi=\psi|_{E_k} est une injection de E_k dans E_p. (En particulier k\leq p)
Deux cas (a) et (b) sont possibles :
(a) Si pour tout x\in E_k, \phi(x)\in E_{p-1}, alors \phi est une injection de E_k dans E_{p-1} et par hypothèse de récurrence \mathcal P_k, on a k\leq p-1, d'où k+1\leq p.
(b) Sinon cela signifie qu'il existe un entier j, 1\leq j \leq k tel que \psi(j)\not \in E_{p-1}, donc \psi(j)=p.
On note i=\psi(k+1). Alors 1\leq i \leq p-1<p.
Soit \sigma la fonction E_{k+1}\longrightarrow E_p définie par
- \sigma(j)=i
- \sigma(k+1)=p
- \sigma(x)=\psi(x) si x\neq j et x\neq k+1.
Alors \sigma est injective. En effet
- i\neq p,
- pour tout x\neq j et x\neq k+1, \sigma(x)=\psi(x)\neq i =\psi(k+1) par injectivité de \psi,
- pour tout x\neq j et x\neq k+1, \sigma(x)=\psi(x)\neq \psi(j) par injectivité de \psi
- pour tous x,y distincts de j et de k+1, \sigma(x)=\psi(x)\neq \psi(y)=\sigma(y) par injectivité de \psi
Ainsi il n'existe pas deux éléments de E_{k+1} ayant la même image par \sigma.
\sigma ainsi construite est injective et \sigma(k+1)=p. D'après le cas (a), on en déduit que k+1\leq p.
Nous avons donc montré l'implication \mathcal{P}_k \Rightarrow \mathcal P_{k+1}.
(3) Conclusion. Par initialisation et récurrence, pour tout entier strictement positif n, l'existence d'une injection E_n \longrightarrow E_m immlique n\leq m.
Propriété 1. S'il existe une bijection E_n\longrightarrow E_m, alors n=m.
Démonstration. Notons \phi cette bijection. Alors \phi est une injection, donc n\leq m.
De même m\leq n car \phi^{-1} est une injection de E_m \longrightarrow E_n.
Propriété 2. S'il existe deux bijections E\longrightarrow E_n et E\longrightarrow E_m, alors n=m.
Démonstration. Soient \phi et \psi les bijections respectives E\longrightarrow E_n et E\longrightarrow E_m.
Alors \phi \circ \psi^{-1} est une bijection E_m \longrightarrow E_n.
On dit qu'un ensemble E est fini, s'il existe un entier n et une bijection E \longrightarrow E_n.
D'après la propriété 2, si un ensemble est fini, alors l'entier n tel qu'il existe une bijection E \longrightarrow E_n est unique.
On appelle n le cardinal de E. On le note |E| ou \sharp E ou \mathrm{card}(E).
n est le nombre d'éléments de E.
Propriété 3. Soient E et F sont deux ensembles finis.
E et F ont le même cardinal si et seulement s'il existe une bijection E\longrightarrow F.
Démonstration.
(\Rightarrow) Supposons que |E|=|F|, et notons n ce cardinal commun. Alors il existe deux bijections \varphi:E\longrightarrow E_n et \psi:F\longrightarrow E_n. Alors \psi^{-1}\circ \varphi : E\longrightarrow F est une bijection.
(\Leftarrow) Réciproquement, supposons qu'il existe une bijection \alpha : E \longrightarrow F. Soit \varphi:E\longrightarrow E_n une bijection, n étant le cardinal de E. Alors \varphi\circ \alpha^{-1} est une bijection F\longrightarrow E_n, et donc d'après la propriété 2, F aussi a pour cardinal n.
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