Dans cet article, nous voyons que les ensembles à n éléments (n étant un entir strictement positif donné) possèdent n\times(n-1)\times 2\times 1 éléments.
Pour arriver à ce résultat, nous commençons par dénombrer le nombre de permutations de l'ensemble E_n=\left\{ 1,2, \ldots , n\right\}
Ensuite, nous voyons que pour tout entier n strictement positif, un ensemble E à n éléments a pour ensemble de permutations un ensemble en bijection avec l'ensemble des bijections de E_n. Le nombre de permutations d'un ensemble fini ne dépend donc que de son nombre d'éléments.
Nombres de permutations de E_n
Une permutation de E_n est une bijection de E_n dans lui-même.
Ainsi \varphi est une permutation de E_n si et seulement si tout élément y de E_n possède un et seul antécédent x par \varphi, c'est-à-dire un unique élément x tel que \varphi(x)=y.
Nous allons commencer par déterminer le nombre de permutations de E_n.
On notera pour tout entier strictement positif n, p(n) le nombre de permutation de E_n.
- Si n=1, E_n=E_1=\left\{ 1 \right\} , il n'y a qu'une seule fonction E_n\longrightarrow E_n, définie par 1\longmapsto 1. Cette fonction est une permutation de E_1 et c'est donc la seule. Donc p(1)=1.
- Si n=2, E_2=\left\{ 1,2 \right\} , il n'y a que deux permutations : \textrm{id}=\left(\begin{array}{cc} 1 &2 \\ 1 &2 \end{array} \right)\ \textrm{et} \ \ \left(\begin{array}{cc} 1 &2 \\ 2 &1 \end{array} \right) donc p(2)=2.
- Si n=3, E_3=\left\{ 1,2,3 \right\} , il y a six permutations : \textrm{id}=\left(\begin{array}{ccc} 1 &2 & 3 \\ 1 &2 & 3\end{array} \right), \ \left(\begin{array}{ccc} 1 &2 & 3 \\ 1 &3 & 2\end{array} \right),\ \left(\begin{array}{ccc} 1 &2 & 3 \\ 2 &1 & 3\end{array} \right)
\left(\begin{array}{ccc} 1 &2 & 3 \\ 2 &3 & 1\end{array} \right), \left(\begin{array}{ccc} 1 &2 & 3 \\ 3 &1 & 2\end{array} \right), \ \left(\begin{array}{ccc} 1 &2 & 3 \\ 3 &2 & 1\end{array} \right)
donc p(3)=6.
Plus généralement, pour construire une permutation de E_n, il faut choisir l'image de 1, puis l'image de 2, ...., puis l'image de n de sorte à ce que les n nombres aient une image différente.
Regardons de combien de façons on peut construire une permutation \sigma de E_n :
Initialisation.
- Etape 1 :\sigma(1) peut être n'importe quel nombre de E_n. Cela nous donne n possibilités.
- Etape 2 : \sigma(2) peut être n'importe quel nombre de E_n sauf \sigma(1), il y a n-1 tels nombres.
Pour chacun des n choix de \sigma(1) , nous avons (n-1) possibilités pour \sigma(2) . Il y a donc n\times (n-1) possibilités pour (\sigma(1),\sigma(2)).
Hérédité.
- Etape k implique Etape k+1 : Supposons qu'à l'étape k<n, nous avons n\times(n-1)\times \ldots\times (n-(k-1)) possibilités pour (\sigma(1),\sigma(2),\ldots,\sigma(k)).
Alors \sigma(k+1) peut être choisi dans E_n sauf parmi \sigma(1),\ldots,\sigma(k) , c'est-à-dire parmi n-k éléments. Ainsi pour compléter chacun des n\times(n-1)\times \ldots\times (n-(k-1)) k-uplets (\sigma(1),\sigma(2),\ldots,\sigma(k)) en (k+1)-uplet (\sigma(1),\sigma(2),\ldots,\sigma(k),\sigma(k+1)), il y a n-k possibilités.
Cela fait donc n\times(n-1)\times \ldots\times (n-(k-1))\times(n-k) possibilités pour (\sigma(1),\sigma(2),\ldots,\sigma(k),\sigma(k+1)).
Conclusion.
Ainsi par récurrence, nous avons montré que p(k)=n\times(n-1)\times\ldots\times (n-(k-1))\times (n-k)
En particulier, pour k=n , nous avons p(n)=n\times (n-1)\times (n-(n-1))=n\times(n-1)\times\ldots\times 1.
On note pour tout entier n>0,
n!=n\times (n-1)\times (n-(n-1))=n\times(n-1)\times\ldots\times 1
Et par convention : 0!=1.
Le nombre de permutations de E_n est donc n!.
Bijection \mathfrak S_n\longrightarrow \mathfrak S(E)
Dans cet partie:
- n est une entier strictement positif
- E désigne un ensemble fini de cardinal n
- E_n=\left\{1,2,\ldots,n \right\}
- \mathfrak S(E) désigne l'ensemble des permutations E\longrightarrow E
- \mathfrak S(E) désigne l'ensemble des permutations E\longrightarrow E
Dans cette partie, nous construisons une bijection \mathfrak S(E) \longrightarrow \mathfrak S_n.
En conséquence de cette bijection, on obtiendra que le nombre d'éléments de \mathfrak S(E) est égal au nombre d'éléments de \mathfrak S_n (voir l'article sur les ensembles finis).
Soit \varphi:E_n\longrightarrow E une bijection.
Ainsi E=\left\{\varphi(1),\varphi(2),\ldots,\varphi(n) \right\}
Pour toute permutation \sigma de E_n, on note \hat{\sigma} la fonction de E\longrightarrow E définie pour tout i, 1\leq i\leq n par
(1)\ \ \ \ \ \ \hat{\sigma}(\varphi(i))=\varphi(\sigma(i))
Propriété 1. Pour tout \sigma\in\mathfrak S_n, \hat{\sigma} est une bijection E\longrightarrow E.
Démonstration. Il s'agit de démontrer que \hat{\sigma} est une E\longrightarrow E est surjective et injective.
- Surjectivité : si y=\varphi(j)\in E, alors x=\sigma^{-1}(\varphi(j)) est un antécédent de y :
\hat{\sigma}(x)=\hat{\sigma}\left(\varphi\left(\sigma^{-1}(j)\right)\right)=\varphi\left(\sigma\left(\sigma^{-1}(j) \right)\right)=\varphi(j)=y
- Injectivité : Soit x=\varphi(i) et x'=\varphi(k) tels que \hat{\sigma}(x)=\hat{\sigma}(x'), c'est-à-dire \hat{\sigma}(\varphi(i))=\hat{\sigma}(\varphi(k)), ou encore \varphi\left(\sigma(i)\right)=\varphi\left(\sigma(k)\right). On en déduit que \sigma(i)=\sigma(k) et donc puisque \sigma est injective, i=k.
On a donc montré que nous avons une fonction \Phi:\mathfrak S_n \longrightarrow \mathfrak S(E) définie par
\Phi(\sigma)=\hat{\sigma}
D'après (1), \Phi(\sigma)\circ \varphi=\varphi\circ \sigma , d'où
(2)\ \ \ \ \ \ \Phi(\sigma)=\varphi\circ \sigma\circ \varphi^{-1}
Propriété 2. \Phi est surjective.
Démonstration. Soit \alpha\in\mathfrak S(E).
Nous allons créer une permutation \sigma de E_n telle que \alpha=\Phi(\sigma)=\hat\sigma.
Remarquons d'après (2) que \sigma et \alpha doivent vérifier \alpha =\varphi\circ \sigma\circ \varphi^{-1} qui équivaut à \varphi^{-1}\circ\alpha\circ \varphi=\sigma .
On définit donc la fonction \sigma:E_n\longrightarrow E_n de la manière suivante :
\sigma=\varphi^{-1}\circ\alpha\circ \varphi
La fonction composée \sigma est donc une bijection E_n \longrightarrow E_n. C'est un élément de \mathfrak S_n.
De plus, cette fonction \sigma est un antécédent de \alpha par \Phi :
\Phi(\sigma)= \Phi\left(\varphi^{-1}\circ\alpha\circ \varphi\right)=\varphi\circ\left(\varphi^{-1}\circ\alpha\circ \varphi\right)\circ\varphi^{-1}=\left(\varphi\circ\varphi^{-1}\right)\circ\alpha\circ \left(\varphi\circ\varphi^{-1}\right)
Donc
\Phi(\sigma)=\textrm{id}_E\circ \alpha\circ\textrm{id}_{E_n}=\alpha
Propriété 3. \Phi est injective.
Preuve. Soit \sigma et \tau deux éléments de \mathfrak S_n tels que \Phi(\sigma)=\Phi(\tau) . Alors \varphi\circ \sigma\circ \varphi^{-1} =\varphi\circ \tau\circ \varphi^{-1} d'où en composant à droite et à gauche par \varphi et \varphi^{-1} respectivement, \varphi=\tau.
D'après les propriétés 3 et 4, on obtient donc que \Phi définit une bijection entre \mathfrak S_n et \mathfrak S(E). Par ailleurs, sa bijection réciproque est donnée par \Phi(\alpha)=\varphi^{-1} \circ\alpha\circ \varphi.
On en déduit entre autres que\mathfrak S_n et \mathfrak S(E) ont le même nombre d'éléments.
Propriété 4. Dans un ensemble E quelconque à n éléments, il y a n! permutations.
Et après
Pour les lecteurs intéréssés par le début de la théorie des groupes, on pourra consulter l'article sur le goupe des permutations \mathfrak S_n.
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