Cet article fait suite et se réfère à
- [G0] Groupes (0) : Définitions et exemples
On y donne une définition de la structure d'anneau ainsi que quelques exemples dont l'anneau des entiers de Gauss (dont une étude sera faite dans d'autres articles de ce blog). Enfin, on y évoque la notion de corps.
Définition d'un anneau
Un anneau A est un ensemble muni de deux opérations + et \times vérifiant les propriétés suivantes :
(A,+) est un groupe commutatif dont on notera 0_A l'élément neutre.
\times est une loi interne sur A telle que pour tous a,b,c de A :
- (Associativité). \times est associative : a\times(b\times c)=(a\times b)\times c
- (Distributivité de \times sur +). \times est distributive sur + : a\times(b+c)=a\times b+ a\times c et (b+c)\times a=b\times a + b\times c
Si de plus A possède un élément u tel que pour tout a\in A, a\times u=u\times a=a, alors on dit que A est un anneau unitaire. u est appelé l'unité de A, c'est l'élément neutre de \times .
On appelle + l'addition dans A et \times la multiplication dans A.
Sauf mention du contraire, dans ce blog, tout anneau sera considéré comme unitaire, et l'on notera 1_A son unité, l'élément neutre de la multiplication.
Enfin comme pour les nombres réels, on omettra le signe \times pour la multiplication : ab=a\times b.
Si \times est commutative, c'est-à-dire si pour tous a,b\in A, on a ab=ba, on dit que A est un anneau commutatif.
Quelques exemples
Exemple 1. \mathbb Z muni de + et de \times usuels est un anneau commutatif.
Exemple 2. (\mathbb Q,+,\times) et (\mathbb R,+,\times) sont aussi des anneaux commutatifs.
Exemple 3.
Tous les anneaux ne sont pas commutatifs : l'ensemble \mathcal M_n(\mathbb R) des matrices carrées n\times n munies de l'addition et de la multiplication usuels des matrices est un anneau non commutatif.
Dans \mathcal M_2(\mathbb R), si A=\left(\begin{array}{cc} 1 & -1 \\ 0 & 0 \end{array} \right) et B=\left(\begin{array}{cc} 0 & 1 \\ 0 & 1 \end{array} \right), on a AB=\left(\begin{array}{cc} 1 & 1 \\ 1 & 1 \end{array} \right) et BA=\left(\begin{array}{cc} 2 & 0 \\ 0 & 0 \end{array}\right)
Sous-anneau
Un sous-anneau B d'un anneau (A,+,\times) est un sous-ensemble de A qui, muni des opérations + et \times de A est un anneau.
Propriété 1.
Soit A un anneau. Si B\subset A vérifie :
(1) 0_A\in B, 1_A\in B
(2) (stabilité des opérations). pour tout a,b\in B,
(2.1) a+b\in B,
(2.2) -b\in B et
(2.3) a\times B\in B
alors B est un sous-anneau de B.
Démonstration. Laissée au lecteur.
Propriété 2. Si B est un sous-anneau d'un anneau commutatif A, alors B est un anneau commutatif.
Preuve. Pour tous a,b\in B, a,b\in A donc ab=ba.
L'anneau des entiers de Gauss \mathbb Z[i]
Dans cette partie i désigne le nombre complexe tel que i^2=-1.
Propriété G1. Le sous-ensemble de \mathbb C des nombres de la forme a+bi, avec a et b entiers relatifs est un anneau pour les opérations + et \times de \mathbb C. C'est un sous-anneau de \mathbb C.
Preuve. 0=0+0i et 1=1+0i sont dans \mathbb Z[i]. Les règle d'addition et de multiplication de \mathbb C, et le fait que \mathbb Z est un anneau font de \mathbb Z[i] un anneau. Plus précisément :
(2.1) a+ib+a'+ib'=(a+a')+(b+b')i\in\mathbb Z[i] car a+a'\in\mathbb Z et b+b'\in\mathbb Z
(2.2) -(a+ib)=-a-ib\in\mathbb Z[i] car -a' et -b' sont dans \mathbb Z
(2.3) (a+ib)(a'+ib')=(aa'-bb')+(ab'+a'b)i est un élément de \mathbb Z[i] car aa'-bb' et ab'+a'b sont dans \mathbb Z.
Cet anneau est noté. \mathbb Z[i]. On l'appelle l'anneau des entiers de Gauss.
D'après la propriété 2 :
Propriété G2. \mathbb Z[i] est un anneau commutatif.
Éléments inversibles pour la multiplication
Soit (A,+,\times) un anneau. On dit qu'un élément a est inversible s'il existe un élément b\in A tel que (\ast) \ \ \ \ \ \ ab=ba=1_A. On dit alors que b est l'inverse de a et on le note b=a^{-1}.
Lorsque la multiplication est commutative, la condition (\ast) est réduite à ab=1_A.
Exemple 4.
Dans \mathbb Z[i], il n'y a que 4 éléments inversibles : 1, -1, i et -i. Ce sera l'objet d'un prochain article.
Exemple 5.
Dans l'ensemble des nombres rationnels \mathbb Q, tout élément non nul est inversible. En effet tout élément \frac a b a pour inverse \frac b a.
Exemple 6.
Dans \mathbb Z, il n'y a que deux éléments inversibles.
En effet si n\in\mathbb Z est un élément inversible pour la multiplication, on doit avoir n^{-1}\in\mathbb Z, avec nn^{-1}=1.
Comme \mathbb Z est un sous-anneau de \mathbb Q, n^{-1}=\frac 1 n.
Pour que \frac 1 n soit un entier, il faut que n=\pm 1. Il n'y a donc que deux éléments inversibles dans \mathbb Z : 1 et -1, avec 1^{-1}=1 et (-1)^{-1}=-1.
Définition 2. On dit qu'un anneau (K,+,\times) dans lequel tout élément non nul est inversible est un corps.
Si \times est commutative, on dit que K est un corps commutatif.
Exemple 7.
\mathbb Q est un corps.
Exemple 8.
\mathbb Z n'est pas un corps car par exemple 2 n'est pas inversible dans \mathbb Z.
Exemple 9.
L'ensemble des matrices carrées de taille n\times n , avec n \geq 2, n'est pas un corps.
Par exemple, lorsque n=2, \mathcal M_2(\mathbb R) possède des éléments non-nuls non inversibles, comme la matrice A=\left( \begin{array}{cc} 1 & 1 \\ 1 & 1 \end{array}\right)
Si A était inversible, on aurait l'existence d'une matrice B=\left( \begin{array}{cc} a & b \\ c & d \end{array}\right) telle que AB=BA=I_2, avec I_2=\left( \begin{array}{cc} 1 & 0 \\ 0 & 1 \end{array}\right) l'élément neutre de la multiplication de matrices.
Comme AB=\left( \begin{array}{cc} a+b & a+b \\ c+d & c+d \end{array}\right) , cela impliquerait en particulier pour a,b,c,d d'être solutions du système
\left\{\begin{array}{ccc} a+b & = & 1 \\ a+b & = & 0 \\ c+d & = & 0 \\ c+d & = & 1 \\ \end{array} \right.
qui n'a pas de solution car 0\neq 1.
Exemple 10.
L'ensemble des fonctions de \mathbb R dans \mathbb R forme un anneau dont l'addition et la multiplication sont définis de la manière suivante :
- Addition : f+g est la fonction qui à tout x associe le réel f(x)+g(x) noté (f+g)(x).
- Multiplication : f\times g est la fonction qui à tout x associe le réel f(x)\times g(x) noté (f\times g)(x).
- La fonction nulle, c'est-à-dire la fonction x\mapsto 0 est l'élément neutre de l'addition.
- La fonction \mathbb 1_{\mathbb R} définie par x\mapsto 1 est l'élément neutre de la multiplication.
Notons \mathcal F(\mathbb R) l'ensemble des fonctions de \mathbb R dans \mathbb R. Alors on vérifie facilement que (F(\mathbb R),+,\times) est un anneau commutatif.
Un sous-anneau de \mathcal F(\mathbb R) est l'anneau des fonctions polynomiales \mathcal P_{\mathbb R} qui sera abordé dans un prochain article.
Et après
Ensuite, on peut par exemple, s'intéresser à d'autres exemples d'anneaux, comme l'anneau des polynômes à coefficients réels \mathbb R[X]. Ce sera l'objet d'un autre article.
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